Promenades dans Venise

Le lendemain, avant de partir, promenades dans Venise... Errer au bord des rios, traverser les fondamenti, les campis, les campiellos, se perdre dans les calis qui débouchent sur un canal. Rues perdues, secrètes, différentes selon qu’on les prenne dans un sens ou dans l’autre, et même différentes encore quand on y revient sans l’avoir voulu, égaré dans ses labyrinthes.
Venise impose son rythme et ses promenades. Pas moyen d’aller directement d’un endroit à un autre (même avec un bon plan). Sa conformité en S, en escargot, en tourbillon vous entraîne sur d’autres voies. Pourquoi pas ?
Pour s’y retrouver, restent les palais, les églises qui souvent donnent le nom aux campis, mais pas toujours...
Tous les ponts ont un nom, des appellations bizarres : pont des soupirs, des merveilles, des miracles, du paradis ou des morts.... La poésie est ici partout... Ciao, ciao Venexia, à la prochaine...


Venise est surchargée d’histoires et de mots. Elle a sa langue propre avec plein de “x” (Venexiana pour vénéziana). On l’entend dans les rues, entre eux. Même les autres Italiens sont des étrangers.
Que disent les Vénitiens ? D’après ce que je suis en train de lire dans le livre de Paolo Barbaro "Petit guide sentimental de Venise", ils se plaignent de leurs envahisseurs, des autorités italiennes et d’eux-mêmes... tentés de partir, de fuir celle dont ils se sentent dépossédés et dont ils estiment la mort annoncée. Ils rêvent de décisions courageuses pour la lagune (un projet est en cours pour 2009 ; des énormes barges gonflables pour arrêter les marées trop puissantes, mais ça ne marcherait que pour une cinquantaine d’années, après, il faudrait trouver autre chose). Ils espèrent aussi une régulation du flot touristique (pas plus de x milliers de touristes en même temps. Un passeport pour Venise ?
Je ne préfèrerais pas... Mais je les comprends (Nice est aussi une ville assiégée).

Ils veulent voir encore les enfants jouer dans les campis, sur le Zaterre, à la Giudecca. Voir le linge aux fenêtre comme à l'Arsenale. Il faut repeupler Venise ! Au boulot les Vénitiens, faites plein d’enfants, créez des entreprises, des écoles, des universités, ne vendez plus vos biens (même contre beaucoup d’argent - plus facile à dire qu’à faire...)


Malgré tout, ils jouent encore le jeu... au Carnaval. Des vêtements somptueux qui leur donnent une allure compassée de vieux beaux ou de vieilles belles (encore une métaphore de leur ville). Nous les touristes (je préfère me considérer comme un visiteur), rêvons d’assister à leurs fêtes fabuleuses dans les palais à hauts plafonds que l’on devine du vaporetto.
Les soirs de Carnaval, on voit des groupes tout droit sortis du dix-huitième siècle se diriger vers des lieux trop secrets pour nous.
J’aurais aimé avoir un copain vénitien, qui me fasse connaître de plus près sa Venise à lui, qui me permettent de rencontrer les artistes, les écrivains qui vivent là.

Il y a quelques années, on avait assisté à une manif place Saint Marc ; drapeaux rouges et noirs... J’ai photographié... Cétait tellement "photogénique". Même les touristes ont l’air étonné de voir les sorties des écoles ou de la fac près de l’Académia... Vraiment, l’image d’une ville-décor s’est imposé à tous.
Paolo Barbaro se plaint aussi des difficultés à vivre à Venise. Avec tous ces ponts, ses rues bondées de touristes qui flanent nez au vent, le moindre déménagement est un problème. Allez donc déplacer un frigo, une armoire, un piano... Même pour aller au travail, ils sont freinés par les hordes descendues d’autocar qui leur bouchent les rues.

Venise assomme, ralentit, émerveille, alors, forcément, on se laisse aller, on ne voit pas qu’on gêne... Prego, prego, prego... nous disent les travailleurs pressés (comme partout).

J'ai eu besoin de revoir l'histoire de cette cité...


Retour Index